mercredi 1 octobre 2008

Tempêtes Ouragans et Vimers

L’Ile de Ré est régulièrement touchée par des tempêtes, avec des intensités et des effets variables. Elles sont liées aux systèmes dépressionnaires qui progressent à travers l’Atlantique Nord, venant de l’Ouest, sous nos latitudes.

Rappelons quelques niveaux de l'échelle de Beaufort :

*Force 7/8 : grand frais-coup de vent .Vent de 28/40 nœuds, soit 50/74 km/h,
*Force 9/10 : fort coup de vent-tempête .Vent de 41/55 nœuds, soit 75/102 km/h,
*Force 11/12 : violente tempête-ouragan .Vent de 56/>64 nœuds, soit 103/>118 km/h.

Des vents supérieurs à 200 km/h ont été enregistrés dans l’Ile.

Les effets de ces vents forts sont : arrachages de feuilles, branchages, déracinement d’arbres, tuiles puis toitures soulevées, poteaux couchés, lignes électriques coupées … Dégâts sur les bateaux dans les ports, à sec sur cale … Le sable des plages peut être transporté au loin par le vent … à des kilomètres.

A la force du vent peut s’ajouter la force de la houle, des vagues déferlantes.

Surtout si l’intensité de la tempête coïncide avec une marée de vive-eau (coefficient supérieur à # 105/110), d’équinoxe, à son maximum de hauteur : fin du flot. Alors, le trait de côte correspondant aux dunes littorales, aux digues ou levées peut être débordé, submergé, et si la côte est plate, peu ou mal défendue, conduire à des inondations catastrophiques. La combinaison tempête + marée haute de vive eau produit ce que l’on appelle « vimer ». Par abréviation de « vive mer » ? Son orthographe a évolué : on trouve aussi vimère et vimaire. Autre possibilité venant du latin avec vis = force et major =majeur ?

Le canton Nord, avec ses marais et vasières, sa côte découpée et plate, ouverte sur toutes les directions de vent, est particulièrement exposé.


On peut distinguer plusieurs catégories :

*Ouragan : vent très violent. En 1935 (2 Mars) et 1999 (27 Décembre) avec 216 et 213 km/h ! Gros dégâts matériels pour les arbres (forêts), toitures et réseau électrique concernant plusieurs régions. Mais pas de submersion.

Occurrence : 1 à 3 par siècle.

*Vimers exceptionnels : affectent une vaste région, Ré, Oléron, la côte charentaise … 22/08/1537, 24/10/1591, 09/10/1711, 09/01/1924.

Dans le canton Nord, rupture de digues, levées, submersion importante dans les zones basses. Plusieurs villages touchés : Ars, Les Portes, Loix ...

Occurrence : de l’ordre de 1 par siècle.

*Vimer : vents violents et marées de vives eau .Avec inondations notables dans le canton Nord et ruptures locales de digues : Martray, Boutillon Les Portes … Selon les archives, on en note 8 à 10 par siècle.

*Vimer « atypique » : il s’agit d’une montée notable du niveau de la mer, pas liée aux conditions météorologiques et à l’horaire de marée : 07/09/1469, 07/09/1785, 09/06/1875, 22/04/1882, 16/02/1941.Concerne une vaste zone : La Rochelle, Rochefort … , s’étale sur plusieurs heures. Leur cause est probablement liée à un séisme régional (Oléron, Vendée ... ). Occurrence : 1 par siècle.


Quelques remarques :

*L’origine du Vimer de 1941 est mal définie. Comme il aurait été trouvé sur les plages de Ré peu après des « pierres ponces vertes ( ?) », on a pensé à une éruption volcanique sous marine. Ce qui est très improbable. Il n’y a pas de volcanisme récent dans la région, à terre et en mer; celui –ci s’accompagne toujours de secousses sismiques –rien n’a été enregistré ce jour là. Mais on était en pleine Occupation … ? Cela pourrait être dû a un important éboulement sous-marin, au large, non lié à un séisme.

*Vimer et tsunami : le vimer « atypique » ,qui n’est donc pas la conséquence d’une tempête se produisant pendant une marée de vive eau ,serait en quelque sorte un « petit » tsunami. Les tsunamis meurtriers récents se produisent dans des zones soumises à des collisions de plaques tectoniques, créant des séismes violents (Intensité de 8 ou 9 sur l’échelle de Richter). Nous sommes situés dans un contexte différent, de marge passive, en extension, avec cependant de grandes failles (à travers Oléron, en Vendée-Charente) qui rejouent parfois.

Mais avec une intensité beaucoup plus faible (Intensité Richter de 4 à 5).

Nous avons ainsi une image précise du risque encouru dans l’Ile de Ré.

*Le vimer de 1941, qui serait du même ordre de grandeur que celui de 1711, est le dernier connu dans Ré. La dernière violente tempête remonte à 1963; il y a eu aussi celle de 1999. Mais plus de submersion. Ce qui veut dire que notre système de digue tient, que la route au Boutillon, autrefois souvent submergée et coupée a été bien protégée, donc que nos côtes sont bien défendues.

Mais dans le passé, on constate des périodes « d’accalmies ». Après plusieurs vimers désastreux, des travaux importants (après 1735 et 1820), de fond sont entrepris … d’ou bonne résistance. Puis vient une période de dégradation lente, de vieillissement des travaux, et … les inondations reprennent ! Serais-ce le cas actuellement ?

La digue de St Clément nous rappelle sa fragilité, sa dégradation en cours.

Nous savons clairement les conséquences possibles !

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