jeudi 1 novembre 2007

Environnement

Ce mot est si souvent utilisé, répété, martelé … à un point tel que son sens et ce qu’il signifie en devient flou. Donc, confusion : entre protection et conservation de l’environnement.

La protection consiste en lois, décrets, règlements, … consistant en général en interdictions concernant ce qui serait nuisible, néfaste voire dangereux, pour l’environnement. C’est donc une action de défense, selon des dispositifs variés.

Cela peut aller assez loin, car un aspect esthétique peut-être considéré comme une atteinte.

Et même empêcher toute présence humaine dans certains endroits - pour ce qui est quant même aussi notre planète .Sauf pour quelques privilégiés qui posséderaient les qualités requises pour pénétrer ces zones « fragiles ».

L’île de Ré est bien protégée et le fier d’Ars, qui se poursuit par la fosse de Loix, est (zone de marais) classé, déclaré ZPS, ZICO, ZNIEFF, Natura 2000, Réserve Naturelle et site Ramsar .Qui implique de « maintenir et préserver les caractéristiques écologiques de ces zones par une utilisation rationnelle des ressources ». Donc, agir est impératif !

La conservation de l’environnement, c’est autre chose. Concernant les écosystèmes, il s’agit de les gérer et entretenir, de défendre les équilibres naturels et de les maintenir dans leur état propre. Chaque mot compte. Et protéger bien sûr, mais c’est largement réalisé (trop ?).

Un écosystème, comme celui de nos marais, c’est une zone géographique, avec un climat, des conditions géologiques et morphologiques particulières, et des êtres vivants associés qui le caractérisent : animaux et végétaux .Faut-il préciser que nous autres humains en faisons aussi partie : agriculteurs, sauniers, ostréiculteurs, pécheurs, marins et … plaisanciers.

Tous les acteurs doivent respecter l’équilibre des paramètres de base. Et se plier à la protection définie plus haut. De façon à ce que le système soit stable.

Mais un écosystème est sensible; pas « fragile » comme on dit souvent .Une petite modification entraîne des variations de cet équilibre .En général, il s’agit de processus naturels contre lesquels on ne peut rien : les montagnes se forment, se soulèvent et s’érodent ! Le niveau de la mer varie : les côtes se déplacent de plusieurs kilomètres, vers l’intérieur ou vers le large, suite aux changements climatiques passés .Construire une digue ou un épi, c’est par contre de notre responsabilité ! Nos activités ont aussi un impact.

N’oublions pas que depuis quelques mille ans, notre région, depuis le marais poitevin, à Ré –alors constituée de plusieurs îlots, et vers Brouage s’est modifié. La partie terrestre s’est étendue .Cela s’appelle une baisse relative du niveau de la mer.

Le fier s’ensable et s’envase ,la tranche d’eau diminue ,la végétation progresse à partir des bordures .On distingue :la « slikke » ou partie basse de cette vasière, envahie en ce moment de Zostére (Zostera nolti, maritima) :plante ,fixée par des racines .On constate aussi l’extension de tapis d’algues vertes (« algal mat »), comme un tissu non tressé qui recouvre la vase .La « schorre »,partie haute ,en se rapprochant des levées ,ou se développe la spartine (Spartina maritima, anglica) ,associée à la salicorne (Salicorna fructicosa), l’obione (Obione portulacoïdes), la lavande des mers (Limonium vulgare), l’aster (Aster trifolium). Ce sont des signes caractéristiques de la diminution de la tranche d’eau. Annonçant une poldérisation naturelle proche.

En conséquence, la quantité d’eau qui entre et sort du fier à chaque marée diminue.

Et comme la durée de ces marées reste (hors effet du coefficient) constante, le déplacement d’eau (le courant) diminue et les sédiments respectant des lois physiques se déposent d’autant plus facilement! Et se fixent dans cette végétation de plus en plus dense.

La prolifération des végétaux est un facteur modifiant en profondeur l’écosystème, donc l’habitat de la faune. Ce qui vit dans la vase, ce qui s’en nourrit : les oiseaux, ne le supporteront pas longtemps ! Un autre écosystème est en train d’apparaître. Favorable aux moutons d’abord. Ensuite, ce sera buissons, arbustes et la forêt …

Nous sommes en situation de non assistance à écosystème en danger.

Il existe des solutions simples, relativement peu coûteuses et respectant les principes du développement durable que l’on pourrait mettre en œuvre.

C’est de la responsabilité de la Région –mais elle ne fait rien pour nos côtes, du Conseil Général, de la Diren, de la DDE en tant que maître d’œuvre et de la CDC de considérer ce problème et d’agir vite.

Les solutions :

1. Rétablir la chasse, à partir de port-Nature et port-Village, hors période touristique d’été (# 100 par an), séparément ou non.

2. Aménager les barrages sur les levées du fier : Rouet, chenal des Villages, port des Portes en bassins de chasse complémentaires Le mécanisme d’ouverture/fermeture -suivant le niveau d’eau -pourrait fonctionner à partir de capteurs photovoltaïques .Faire de même pour le port de Loix et au Goisil à La Couarde.

3. Utiliser les bassins/marais proches de port-Village et Nature comme retenue pour faire chasse dans ces ports en augmentant ainsi le courant.

4. Enlever les fascines qui barrent le chenal des Villages .Border les chenal d’accès (dans le fier) au port d’Ars par des fascines.

5. Enlever la végétation prés des levées du fier et dans tous les marais alimentant les marais salants .A faire à la pelleteuse et déposer, comme autrefois, les sédiments enlevés sur les bosses.

6. Nettoyer le chenal du Feneau qui limite « l’île de Loix » pour rétablir la circulation d’eau entre fier et fosse de Loix.

7. Ces solutions, hormis l’installation de vannes mécaniques et de leur automatisme, l’utilisation de tractopelles, relèvent du développement durable ; récupération des sédiments prélevés sur les bosses, vidange des bassins de chasse par gravité, évacuation des dépôts par courant naturel, remplissage de ces bassins grâce à la marée, fonctionnement par panneaux photovoltaïques (énergie solaire).

AUTOUR DU FIER

Le canton Nord présente des caractères particuliers, … en plus d’être le plus éloigné du pont !

Côte découpée, plate, bordée de dunes qui entourent marais et vasières, constituant un ensemble résultant du lien progressif entre plusieurs ilôts.

Ainsi, le Fier d’Ars et la fosse de Loix renferment un écosystème spécifique du point de vue faune, flore et environnement.

Ce canton, dans sa morphologie, a évolué au cours du temps –le dernier millénaire… – sous une double influence .D’abord, un soulèvement régional, également visible avec le comblement du Marais poitevin, qui correspond à une baisse relative du niveau de la mer .Cela s’est traduit par cette liaison naturelle entre ilôts.

Ensuite les habitants, pour se protéger des grandes marées, des tempêtes et tirer profit des zones « protégées » des marais ont défendu les côtes et construit digues, levées, épis… Ces aménagements ne sont pas neutres et sans effets.

En conséquence, le canton Nord doit faire face à différentes situations et problèmes .Nous avons vu la question de l’envasement/ensablement du Fier.

Faisons le tour du canton Nord pour les autres problèmes …

Le bois de Trousse-Chemise : au niveau du sémaphore, on a observé une forte érosion de la plage, qui gagne jusqu’aux arbres se trouvant en bordure de celle-ci .Cela est dû d’une part au fait qu’à cet endroit il y a une avancée du trait de côte et d’autre part que la houle pénètre dans la plage de la Loge étant inclinée par rapport au trait de côte ce qui génère un fort courant latéral au flot.

Rallonger l’épi de Trousse-Chemise, qui est neutre au point de vue dépôt et situé en aval du problème, ne servira à rien .Il faut aller en amont vers la Redoute, ou l’écluse d’autrefois a disparu .La construction d’un port, avec ses jetées aurait certainement été bénéfique .Tout cela se terminera par de nouveaux petits épis en enrochement au creux de cette belle plage.

La digue de Saint Clément : digues centenaires, elles subissent de plein fouet vagues et vents, associés à un courant latéral descendant fort .La digue s’est effondrée en deux endroits .L’un récent (pied de digue), l’autre déjà « réparé » ; la dernière fois par un empilement de rochers, … qui sous leur poids et l’action de la pluie qui enlève la partie meuble interne à la digue et s’écroule à nouveau. Normal ! Réparation totalement inadéquate ! Mais en ligne avec ce qui est écrit dans un rapport au Conseil Général : «… il est acceptable de tolérer une dégradation définitive de l’ouvrage avant éventuellement une réfection complète si l’endigage est considéré comme indispensable –page 17 » !! La digue va donc continuer à s’écrouler, être « bricolée » .Espérons que la réflexion sur son utilité est en cours, avant sa disparition.

La pointe de Grignon : durant la réalisation du nouveau port de plaisance (dit Nature, à l’entrée du chenal), un épi a été construit à la pointe de Grignon .Pour permettre d’évacuer les vases du bassin. Cet épi a bloqué une énorme quantité de sable, développant une très belle plage vers Radia et la côte avançant prés de l’épi de plus de 50 mètres. Mais de ce fait, durant plusieurs années, un déficit notable en apport de sable s’est fait sentir en aval … jusqu’à La Couarde.

Fort non dépôt sous les petites falaises de Grignon, avec une descente en ciment (impraticable !) dans le mauvais sens prés de l’épi.

La plage de la Grange : afin de permettre aux bateaux de pêche (sardiniers) leur accostage, une jetée a été construite vers 19 qui se comporte comme un épi. Mais de très grande dimension. En amont, vers Grignon, dépôt de sable formant la plage d’Ars. En aval, vers les Trois Moulins, zone de transit des sables, non dépôt sur un substratum rocheux. Des épis classiques après ont permis le dépôt local de petites plages. La digue, très peu entretenue, est fortement dégradée à son extrémité. Après la jetée de la Grange, le pied de la digue a été renforcé : mais on a pu constater qu’en maints endroits le béton déposé a été arraché sous l’impact des vagues, par plaques. Non adhérence, mauvaise qualité ?

Le Martray : on constate depuis quelques années un net ensablement de ce secteur qui est couvert par de nombreux parcs ostréicoles .Si les tables à huîtres et l’écluse de Foirouse reconstruite atténuent le courant, cela résulte avant tout du retour des sédiments qui transitent maintenant au delà de l’épi de Grignon.

Le Boutillon : cette plage a fait l’objet d’un important programme de travaux visant à son ré-ensablement. Cela n’a pas duré, le sable étant vite parti vers La Couarde. La cause, prévisible, étant que la digue qui se termine agit comme un épi par rapport au trait de côte naturel; d’ou fortes turbulences et non dépôt à son extrémité. De plus, la houle arrive avec un angle sur la digue et se réfléchit –sans perte d’énergie- créant une forte dérive latérale .Il faudrait soit reconfigurer l’extrémité de la digue, soit amortir la houle par un enrochement parallèle à la côte.

La plage de La Couarde – Peu Ragot : autre zone de non dépôt avec des travaux importants et sans effet .Comme à la Loge ,la cause est en amont ,au niveau de l’accès à la plage avec une descente en dur entourée de murs « réflecteurs du vent » qui fait effet d’épi .Egalement ,le trait de côte dessine une avancée. D’ou érosion. Pour qu’une dune en sable, reconstituée, tienne sur les géotextiles, il faut diminuer le courant latéral : par un enrochement type tombolo ? En détruisant la descente en dur sur la plage et en reconfigurant cet accès. En reconstruisant le grand épi en bois, en en ajoutant un autre, petit, en amont ?

La côte de Loix : ce secteur d’estran rocheux est protégé par une digue, depuis l’entrée du fier, puis par une petite falaise. Elle recule naturellement, fragilisée à la base par l’action des vagues .La mise en place d’enrochement, en pied de falaise ou en tas, formant de petits épis est sûrement facile et peu coûteuse, mais inesthétique et pas vraiment efficace, à cause des turbulences induites .Pourquoi pas des enrochements de type tombolo, parallèles à la côte ?

Les forêts du canton Nord : plusieurs forêts domaniales se sont développées en arrière du littoral dans notre canton. A savoir : Trousse-Chemise, Lizay-la Conche, la Combe à l’eau, Bois Henri IV .A base de pins ou de chênes verts, ces forêts –récentes- domaniales (tutelle ONF) sont plus ou moins entretenues, avec des secteurs clos protégés, des chemins aménagés. L’effort porte sur les dunes. Quant au débroussaillage … ? En cas d’incendie, on peut craindre un résultat catastrophique ! Il n’existe pas de plan rouge incendie.

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